October 02, 2006
CARCASS #1
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It is not death
we fear
It is the fear
of death
after I had written what I just told you I remembered how in another story I wrote awhile ago the carcasses are transmuted -- no doubt more than hundred times -- maybe more – until they are totally exhausted – épuisées the french would say – as they say of a book which is out of print – and become totally useless – I told myself – it must be terrible to come back to life – in whatever form – and again live with the fear of death – I am addressing here only the human problem – one would have to ask the same question for other living creatures – whether or not they are conscious of death – for instance do little gold fish also feel in the hollow of his narrow stomach the pain of fear of death – it would be interesting indeed to know if they really feel that pain or if they don’t give a damn about it and keep hoping that in their next transmutation they will come back as human beings – man or woman – though I am sure that most of the gold fishes would prefer to come back a women with gorgeous thighs – in fact that's what all the carcasses in the zone of carcasses hope – to come back as humans – because there is a rumor circulating in the zone of carcasses that humans do not fear death – that is why they constantly kill each other – that's what I was thinking the other day while admiring the splendid view out of my window of my office when I was doing nothing – nothing but hoping for a sentence to come – just a few words –
RAYMOND FEDERMAN
LA CARCASSE #1
L’autre jour j’étais là dans mon bureau – comme je le suis tous les jours – sauf le dimanche quand je regarde les matchs de football – football américain – à la télé – et je foutais rien – y avait rien qui venait ce jour-là - pas une seule phrase qui m’aurait fait sourire un peu et me dire – tiens voilà un beau début – non rien - même pas un seul mot – comme par exemple le mot qui lance a qui de droit – silence – oui silence complet dans ma tête – donc pour passer le temps je regarde par la fenêtre la belle vue que j’ai – je vais pas la décrire encore une fois – si ça vous intéresse aller jeter un coup d’oeil aux carcasses – celles que j’ai empilées dans la zone des carcasses – de voir cette belle vue m’a donné envie justement d’aller relire les carcasses – et pendant que je lisais une idée m’est venue – non – pas une idée une phrase – celle-ci – quelle gueule il a dû avoir le premier être humain pensant – un homo sapiens disons – quand il a vu le premier mort - je dis premier parce que lui le mort il n’était pas conscient d’être mort – c’est celui qui a regardé ce mort – disons cette carcasse qui venait de s’effondrer dans la zone des carcasses – qui a été conscient – puisqu’il était pensant – que le mec qui venait de s’effondrer était plus vivant – et c’est alors que cet homo sapiens ou sapienne – ou peut-être que c’était déjà un homo erectus – on peut pas savoir – y a pas d’enregistrement – mais c’est sans doute ce type là qui a inventé le mot mort – enfin pas ce mot français mais le son qui est sorti de ses cordes vocales encore toute neuves – mais un son qui voulait dire – tiens le mec est – eh bien je me demandé quelle gueule il a dû avoir quand il ou elle a vu ce mec ou cette gonzesse s’effondrer dans la zone des carcasses et recevoir des autorités le numéro un – enfin à l’époque – quand la zone des carcasses à était fondée – il n’y avait pas encore de système numérique – pas de mathématique non plus – enfin y avait rien – était à inventer – ce qu’on fait les générations homos qui ont suivi le premier homo à devenir conscient de la mort – et de s’être dit – merde le mec est mort – enfin il a dit ça dans une sorte de grognement d’homme préhistorique – dès qu’il a dit ça il a ressenti en lui – là dans le creux de son estomac - comme une grande douleur – une douleur encore plus douloureuse que celle qu’il avait ressenti quand il s’es étiré de la position quadrupède à la position bipède – mais ce coup-ci – là devant la carcasse de l’autre qu venait de tomber dans la zone des carcasses – il a pas hurlé de douleur comme quand il s’est érecté – non il est resté silencieux – mais comprenant dans son petit cerveau que lui aussi un jour il pourrait devenir une carcasse comme celle de ce pauvre mec qui venait de calancher – et c’est à partir de ce moment qu’il a passé le reste de sa misérable vie d’homme préhistorique avec cette douleur en lui – à laquelle il a un jour donné le nom de peur – ah oui la peur de la mort – tiens une fois j’ai écrit un petit poème qui disait -
ce n’est pas la mort
qui nous effraie
c’est la peur de la mort
et après avoir eu cette petite pensée que je viens d’écrire je me suis dit – en me souvenant de l’histoire des carcasses qui sont transmutées parfois des centaines de fois – parfois même plus – avant qu’elle soit complètement épuisée -- dans le sens qu’on donne à un livre épuisé – parce qu’il a été pilonné – je me suis dit ça doit être terrible d’être transmuter et de revenir en vie – quoique soit la forme – sois doit être terrible d’avoir à sentir en soi la douleur de la peur – et je m’adresse ici qu’au problèmes des humains – il faudrait sans doute se poser la question pour savoir si – par exemple les petits poissons rouges eux aussi ressente cette douleur au creux de leur petit estomac -- pour savoir s’ils on peur de la mort – ou s’ils s’en foutent complètement en se disant la prochaine fois -- quand je serait transmuté à nouveau peut-être que je reviendrai en homme ou en femme – préférablement en femme avec des belles cuisses – parce qu’il parait que les êtres humains n’ont pas peur de la mort - c’est pour ça qu’ils aiment s’entre-tuer les un les autres – voilà quoi je pensais l’autre jour en admirant le belle vue par la fenêtre de mon bureau quand je ne foutais tien --
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