October 05, 2005
MOINOUS IS BACK FROM CHICAGO
great review of Retour au Fumier just out in the famous french communist paper l'Humanit . . .
Les Lettres Françaises chez vos libraires
Retour au fumier.
de Raymond Federman. Éd. Al Dante. 208 pages, 20 euros.
Drôle d’olibrius que ce Raymond Federman qui court allégrement vers ses quatre-vingts ans, mais a, pour l’heure, plus que jamais, bon pied, bon oeil. Une sacrée santé après une vie bien remplie, passée pour l’essentiel aux États-Unis où il était parti s’établir après la guerre. Il est vrai que cette guerre, il l’a vécue, adolescent, plutôt péniblement en France, dans une ferme du Lot-et-Garonne où il s’est retrouvé après que sa famille (ses parents et ses trois soeurs) eut été envoyée dans des camps de concentration d’où aucun ne reviendra... Caché dans un placard par sa mère, le petit Federman fuit, seul, vers le midi de la France. Troqué contre deux poulets, il se retrouve vite garçon de ferme, lui, le Parigot plutôt malingre... C’est cet épisode lot-et-garonnais que, soixante ans plus tard, toute une vie, Raymond Federman entreprend donc de nous (de se) raconter dans Retour au fumier, titre parfaitement évocateur pour définir la vie dans une ferme où il ne peut être question que « de la mort et de la baise ». Mais que l’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas un simple retour en arrière, une évocation nostalgique et larmoyante d’un épisode de sa vie d’antan que notre auteur entend retracer. C’est même tout à fait autre chose. Car Federman est avant tout écrivain, il a une quarantaine de livres à son actif, ne dédaigne pas d’intervenir publiquement et est même récemment monté sur scène, au Festival d’Avignon, pour apporter sa contribution à un spectacle à lui consacré... Ce qui, dans le cas présent, l’intéresse, c’est de savoir comment entrer et restituer cette histoire, dans quelle forme. Et là, l’affaire devient particulièrement réjouissante. Federman se met lui-même en scène, en espèce de faux touriste américain, accompagné de sa femme. Tous deux en voiture à la recherche du temps perdu. Commence une sorte de road movie qui oscille entre dérision, humour, grincements de dents, bégaiements de la mémoire, inventions pures et simples de l’auteur, mensonges de sa part à lui, le vieux roublard qui ne craint pas de radoter. C’est tout simplement prodigieux d’autant que Federman s’invente un alter ego qui lui aurait commandé cette « enquête » et qui ne cesse de l’interpeller. Voici donc le dialogue entre deux hommes, avec incidents, retours en arrière, rectificatifs, etc. Le tout, un « récit nostalgique », étant dédié à son « vieux chien Bigleux » ! Plutôt rusé Federman, mais cela on le savait depuis longtemps. Il n’empêche il parvient encore à nous emberlificoter, à nous mettre dans sa poche. Un sacré coup de maître.
Jean-Pierre Han
Les Lettres Françaises chez vos libraires
Retour au fumier.
de Raymond Federman. Éd. Al Dante. 208 pages, 20 euros.
Drôle d’olibrius que ce Raymond Federman qui court allégrement vers ses quatre-vingts ans, mais a, pour l’heure, plus que jamais, bon pied, bon oeil. Une sacrée santé après une vie bien remplie, passée pour l’essentiel aux États-Unis où il était parti s’établir après la guerre. Il est vrai que cette guerre, il l’a vécue, adolescent, plutôt péniblement en France, dans une ferme du Lot-et-Garonne où il s’est retrouvé après que sa famille (ses parents et ses trois soeurs) eut été envoyée dans des camps de concentration d’où aucun ne reviendra... Caché dans un placard par sa mère, le petit Federman fuit, seul, vers le midi de la France. Troqué contre deux poulets, il se retrouve vite garçon de ferme, lui, le Parigot plutôt malingre... C’est cet épisode lot-et-garonnais que, soixante ans plus tard, toute une vie, Raymond Federman entreprend donc de nous (de se) raconter dans Retour au fumier, titre parfaitement évocateur pour définir la vie dans une ferme où il ne peut être question que « de la mort et de la baise ». Mais que l’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas un simple retour en arrière, une évocation nostalgique et larmoyante d’un épisode de sa vie d’antan que notre auteur entend retracer. C’est même tout à fait autre chose. Car Federman est avant tout écrivain, il a une quarantaine de livres à son actif, ne dédaigne pas d’intervenir publiquement et est même récemment monté sur scène, au Festival d’Avignon, pour apporter sa contribution à un spectacle à lui consacré... Ce qui, dans le cas présent, l’intéresse, c’est de savoir comment entrer et restituer cette histoire, dans quelle forme. Et là, l’affaire devient particulièrement réjouissante. Federman se met lui-même en scène, en espèce de faux touriste américain, accompagné de sa femme. Tous deux en voiture à la recherche du temps perdu. Commence une sorte de road movie qui oscille entre dérision, humour, grincements de dents, bégaiements de la mémoire, inventions pures et simples de l’auteur, mensonges de sa part à lui, le vieux roublard qui ne craint pas de radoter. C’est tout simplement prodigieux d’autant que Federman s’invente un alter ego qui lui aurait commandé cette « enquête » et qui ne cesse de l’interpeller. Voici donc le dialogue entre deux hommes, avec incidents, retours en arrière, rectificatifs, etc. Le tout, un « récit nostalgique », étant dédié à son « vieux chien Bigleux » ! Plutôt rusé Federman, mais cela on le savait depuis longtemps. Il n’empêche il parvient encore à nous emberlificoter, à nous mettre dans sa poche. Un sacré coup de maître.
Jean-Pierre Han
Comments:
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